sábado, abril 04, 2009

Les romantiques français et la Musique




Beaucoup d´écrivains romantiques s´inspirent des idées sur la musique ébauchées par Rousseau, Diderot et d´autres encyclopédistes. Ils subissent également parfois les influences des romantismes étrangers. Comme Rousseau, Madame de Staël* soutient la mélodie face à l´harmonie. Elle admire aussi la musique instrumentale allemande créatrice de rêveries capables d´anéantir les pensées que les mots nous imposent. Ses idées vont nourrir la génération romantique postérieure. Au-delà de leurs différences incontestables, la conception musicale des grands créateurs romantiques est marquée par l´émotion, la mélancolie et le mal du siècle. Lamartine assoupit son âme avec la musique instrumentale de Rossini. Pour Stendhal, la musique est un répertoire de toutes les nuances du sentiment. George Sand voit dans la musique une alliée de la liberté ainsi qu´un art des extases et des ravissements. Musset considère que la musique est un art sublime mais insaisissable et qu’elle conduit, comme la poésie, au déchirement de soi. Victor Hugo, très germanique, se sent attiré par un art qui passe par l´irrationnel de son langage. Grand admirateur de Beethoven, il voit dans la musique du maître sourd un magnifique dialogue entre l´âme et la nature. Les métaphores sonores et musicales de sa poésie doivent beaucoup au langage beethovénien. Victor Hugo est ébloui par le langage issu de la surdité, un langage sonore et beau qui naît du silence. Il compare le travail artistique de Beethoven à un dieu aveugle créant des soleils.
La vision philosophique du phénomène musical chez Balzac acquiert une dimension très spéciale. A l´opposé de ses contemporains, Balzac étudie en profondeur la science musicale dans sa quête de l´Absolu. Une étude minutieuse des ses deux romans sur la musique Massimila Doni et Gambara permet d´établir en premier lieu son attachement au siècle précédent et son intérêt pour la théorie harmonique et la dissonance. De la même manière il accorde une grande importance à la mélodie italienne dont Rossini est le représentant le plus illustre. Comme Hugo, il puise aussi dans les sources germaniques. Suivant Hoffmann, il loue les capacités de Beethoven pour nous sortir du monde sensible qui nous entoure. Finalement, on ne peut pas oublier Théophile Gautier car il fut non seulement un inépuisable critique musical, mais aussi un grand intuitif des possibilités de communication entre les arts. Cet écrivain possède sans doute l´intuition de l´immortel instinct du Beau musical comme un aperçu ou une correspondance du Ciel.

* Portrait ci-joint