miércoles, enero 26, 2011

Gautier critique musical




On fête cette année, le bicentenaire de la naissance du grand écrivain français, Théophile Gautier (1811-1872). Je voudrais ici lui rendre un petit hommage en me référant, ne serait-ce qu´en quelques lignes, à sa facette moins connue que celle de la création poétique ou romanesque, de critique musical. On a dit qu´il haïssait la musique. « La musique est le plus désagréable et les plus chers des bruits » a-t-il déclaré, il n´en reste pas moins qu´il a consacré presque quarante ans de sa vie à écrire des critiques musicales dans le journal La Presse. En effet, depuis 1837 jusqu´à sa mort il a tenu ce rôle quoique il ait formulé des considérations critiques sur un art qui lui était étranger. Néanmoins, au XIXème siècle pareille chose était normale. Les journaux et les revues publiaient sans cesse des feuilletons musicaux sortis de la plume des écrivains pas très forts en musique. Ceci était peut-être dû au fait qu´ils avaient très présent dans leurs esprits la déclaration que Rousseau introduit dans sa Lettre sur la musique française où il déclare : « C´est au poète à faire de la poésie, et au musicien à faire de la musique ; mais il n´appartient qu´au philosophe de bien parler de l´une et de l´autre » Quoi qu´il en soit, Gautier nous a laissé plusieurs tomes contenant des feuilletons sur la musique ce qui nous permet d´avoir une vision directe de la vie culturelle de l´époque, notamment sur les opéras des compositeurs les plus joués : Meyerbeer, Donizetti, Rossini, Bellini, Verdi ou Wagner entre autres
Gautier aime le théâtre en tant que spectacle total. Il sent attiré par la vision globale du spectacle. Il est rare qu´il fasse allusion à la qualité des voix des interprètes Aussi, la perfection de l´exécution musicale ne doit-elle empêcher un grand soin pour tout ce qui a trait à la partie matérielle et visible du drame. Il avance aussi la conception wagnérienne de l´art comme une totalité. Quel était le goût musical de Gautier ? Si l´on en croît à ses feuilletons, il aimait aussi bien la musique italienne que la musique française. Parmi ses compositeurs préférés, on pourrait citer Berlioz et Rossini. Il est donc un vrai romantique qui revendique la liberté de la mélodie sans les contraintes de l´harmonie. De même, comme la plupart des écrivains de la deuxième moitié du siècle, il est tombé, cela ne pourrait pas être autrement, sur le charme de Wagner. À ce propos, Gautier dépasse le romantisme et comme Baudelaire, entre dans la modernité sous l’influence du musicien allemand. Gautier succombe à la beauté de l´opéra de Wagner jusqu´au point de déclarer « Moi qui ne suis qu´un âne en musique, à ce qu´on prétend, je n´avais pas fait tant de façons et j´avais trouvé le Tannhäuser très beau, tout simplement » Néanmoins, son théâtre idéal est bien plus sophistiqué que le théâtre mystique de Wagner, car il attendait du théâtre « des orgies de lumières et de couleurs, de fêtes pour les yeux, autant que pour les oreilles »
La plus grande qualité de Gautier vis-à-vis de la musique est sa grande intuition. À l´instar de Baudelaire, il a envisagé les possibilités de communication entre les arts. Cette voie l´a conduit à écrire des poèmes où l´on trouve une esthétique de la transposition. L´exemple le plus notoire on le trouve dans le poème « Variations sur le Carnaval de Venise » (Emaux et Camées) où il montre que l´ordre formel (l´orchestration du poème) s´allie à l´ordre visuel.

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